La Kunsthalle pour son exposition d’été accueille les projets inédits de Julie Beaufils, Elvire Bonduelle et Chai Siris.
Réunies sur le plateau de La Kunsthalle, les œuvres de Julie Beaufils, Elvire Bonduelle et Chai Siris se déploient à travers trois propositions autonomes présentant peintures, vidéos et installations. Symptomatiques des univers singuliers de ces trois artistes, les travaux en présence semblent être reliés par une préoccupation commune : dans un monde hyperconnecté, caractérisé par un désir de veille permanent, quelles formes donner à l’abandon, la paresse, le relâchement ? Comment le songe et le sommeil peuvent-ils paradoxalement véhiculer un état de résistance à l’intérieur du paysage social, culturel ou même intime de chacun ? Conviant à une approche décalée du confort et de la contemplation chez Elvire Bonduelle, du rêve et de la mémoire chez Chai Siris ou à une certaine forme de déconnection et d’absence chez Julie Beaufils, c’est sous un intitulé commun – Le Meilleur des mondes – que cette exposition en trois temps invite le visiteur à faire « l’expérience d’un ailleurs »1.
1Jonathan Crary, 24/7 Le capitalisme à l’assaut du sommeil, Zones, Editions la Découvertes, 2014, Paris, pp. 138.
Inspirée à la fois de la culture télévisuelle : série, sitcom, clip vidéo mais aussi des formes issues des réseaux sociaux et autres messageries instantanées telles que « Skype », la peinture de Julie Beaufils ne se singularise pas tant par un parti pris épuré et une palette dépouillée que par une position volontairement contemplative dans le traitement de situations les plus actuelles. Souvent, dans ses œuvres, il est question de mémoire et de la représentation de ces images résiduelles qui habitent l’inconscient et ressurgissent soudainement à la surface de nos pensées. Entre dessin et peinture, ses figures féminines et masculines, isolées ou en groupes adoptent fréquemment des positions de repos.
Peintures et dessins, installations et mobiliers, mais aussi projets d’édition ou d’expositions collectives constituent le corpus de l’œuvre d’Elvire Bonduelle. Elle s’applique depuis plusieurs années à redéfinir l’espace de l’exposition comme un lieu a priori confortable et cosy pour mieux souligner la présence du visiteur. Formes molles et minimales composent son vocabulaire qui puise simultanément son inspiration dans l’histoire de l’art et dans l’observation minutieuse de son environnement au quotidien.
Figure émergente du cinéma expérimental en Thaïlande, collaborateur régulier de Apichatpong Weerasethakul, Chai Siris développe un travail, rassemblant films, vidéos et photographies, dédié à la reconstruction d’histoires personnelles et sociales autour de différentes communautés locales (ouvriers, migrants, villageois, familles) dont il recueille témoignages et aspirations. A partir de cette matière mi-documentaire, mi-fictionnelle, il déploie une œuvre contemplative, à la croisée du proche et du lointain, de l’intime et de l’histoire en cours de construction.