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Hélène Bleys, Sans Titre, encre et acrylique sur papier, 2017

Dans le cadre du programme annuel de résidences interrégionales AIR destiné à la promotion et à l’accompagnement des artistes vivant ou travaillant sur le territoire du Nord Est, Hélène Bleys est en résidence à La Kunsthalle en 2018.

« Dans la continuité de mes recherches plastiques autour de la question du trait et de l’image, je souhaite réaliser une série de dessins inspirés par la collection du musée de l’impression sur étoffe de Mulhouse. D’un motif à un autre, j’aimerais faire dialoguer l’iconographie des verdures ornementales avec les récurrences naturalistes présentes dans l’imprimé militaire. Ce travail en immersion utilisera les fonds patrimoniaux et historiques de la ville comme point de départ pour élaborer une pensée graphique. C’est en conciliant les polarités trop étroites définies par le genre qu’opèrera un déplacement visuel entre les attributs virils (et martiaux) du camouflage et la décoration florale.  Contrairement à la simplification des formes opérée pour le traitement des camouflages, ma pratique se distingue par le travail du détail, des textures et la prolifération d’éléments. Ainsi il s’agira de se réapproprier l’objet militaire avec un traitement généreux et une profusion baroque afin de donner d’autres sens aux motifs : Une troisième voie située entre contemplation décorative et stratégie martiale. » Hélène Bleys

www.helenebleys.com

Céline Fumaroli, "Cap vers", dessin au feutre fin, détail, 2015.
Photographie réalisée par Emmanuel Claude. © Modulab

Dans le cadre du programme annuel de résidences interrégionales AIR destiné à la promotion et à l’accompagnement des artistes vivant ou travaillant sur le territoire du Nord Est, Céline Fumaroli est en résidence à La Kunsthalle en 2016-2017.

Ces trois mois à Mulhouse seront consacrés à ses travaux de recherche sur les phénomènes qui façonnent les paysages et forment des reliefs. La lenteur des processus naturels qu’elle aborde nous conduit à nous interroger sur notre temporalité. Dans son travail, le minuscule s’ouvre au lointain donnant lieu à des explorations mentales qui traversent les échelles du temps. Au cours de ses réalisations, elle se laisse, pas à pas, glisser vers un temps géologique lui permettant de mener une réflexion sur les espaces à venir et ceux qui ne sont plus visibles. Cette résidence sera l’occasion pour elle de se questionner plus particulièrement sur le passé géologique de la plaine du Rhin supérieur et ainsi de s’inscrire plus profondément au cœur du paysage alsacien.

Face à l’apparente immobilité des paysages, il y a ce sentiment d’un renouvellement constant où chaque lieu se re-dessine, se forme et se déforme. D’autres, rongés par l’érosion, s’usent jusqu’à leur dernier souffle. 
Ce travail est celui d’un regard qui s’infiltre dans la roche, dans la matière minérale. C’est le désir de s’imprégner de son histoire. Chaque pli et replis, chaque faille, dévoile la géomorphologie de ces paysages brisés par de sourdes puissances. Soudain, tout s’éveille. De particule en sédiment, de sédiment en strate, un invisible courant m’emporte. Celui d’un temps géologique au sein duquel je cherche à m’inscrire. 
La feuille de papier devient une plaque tectonique. Chaque trait, chaque fragment de dessin, décrit un parcours, une exploration mentale. Je me laisse porter par le paysage qui est en train de se créer, cherchant à accompagner son mouvement, à entrer au cœur de ces mi-lieux. Ceux qui sont de l’ordre de la fissure, de la fracture, de la brèche. Ils sont à mi-chemin entre le minuscule et le lointain, ils émergent et s’immergent, se créent par effacement. C’est un aller-retour permanent entre des espaces tombés dans l’oubli et ceux à venir.   Céline Fumaroli

Dans le cadre des différents programmes de résidences auxquels participe La Kunsthalle, les artistes du territoire alsacien / région Grand Est ont l’occasion de bénéficier de bourses de recherche, de voyage, ou de séjourner ailleurs en France ou à l’étranger…

Atelier Mondial
Sofia Durrieu, Japon, 2021 – www
Souad El Maysour, Sénégal, 2020 – www
Brice Ammar-Khodja, Arménie, 2019 – www
Mathieu Boisadan, Russie, 2018 – www
Capucine Matti, Paris, 2017 – www
Clémence Choquet & Mickaël Gamio, Japon, 2017 – www
Fantine Andrès, Argentine 2017 – www
Marianne Mispelaëre, Allemagne, 2016 – www
Marianne Maric, Allemagne, 2015 – www
Jacques Lopez, Canada, 2015 – www
Josephine Kaepplin, USA, 2015 – www
Livia Johann, Canada, 2015 – www
Gwen Van Den Eijnde, Japon, 2014 – www
Capucine Vanderbrouck, Canada, 2014 – www
Mathilde Sauzet, 2014 – www
Claire Hannicq, Canada, 2014 – www

A/Z Aller & Zurück (Berlin)
Emilie Picard, 2023 – www
Thomas Schmahl, 2022 – www
Ouassila Arras, 2021 – www
Axel Gouala, 2019-2020
Camille Fischer, 2019
Estelle Chrétien, 2018
Julie Luzoir, 2018
Capucine Vandebrouck, 2017
Aurélie de Heinzelin, 2017 – www

Résidence AIR Nord Est
The Fine Art Collection, 2016 – www
Claire Andrzejczak, 2015 – www
Josephine Kaeppelin, 2014 – www
Judith Dobler, 2013
Marta Caradec, 2012 – www
Mathieu Husson, 2011 – www
Loïc Beck, 2010

Autres résidences
Marie-Paule Bilger, Roumanie, 2019 – www
Jacques Lopez, Maroc, 2019 – www

Isabelle Cridlig, "2016 points", 2015

Dans le cadre du programme annuel de résidences interrégionales AIR destiné à la promotion et à l’accompagnement des artistes vivant ou travaillant sur le territoire du Nord Est, Isabelle Cridlig est en résidence à La Kunsthalle en 2015-2016.

Isabelle Cridlig souhaite découvrir le passé et le présent d’une ville et d’une région liées à l’activité textile, et élargir son projet consistant à explorer, par le détail comme dans son ensemble, les liens entre l’être humain et le fil. La notion de labeur et les questions du travail, de l’action et de sa répétition sur la durée, croisées avec l’idée de « vivant » au participe présent (« en train de vivre ») sont au cœur de sa démarche ; la dimension humaine et ouvrière des activités textiles de cette région nourrira ses questionnements. Dans la continuité de son travail sur la ligne dessinée/dessinant, sur le temps et la durée, ses recherches autour du fil répondent à l’idée de matérialiser cette ligne, de l’affranchir de la surface pour l’appréhender par son volume dans ses projets futurs.

Isabelle cridlig, 2016 points (vidéo), 2015

Lingjie Wang et Jingfang Hao, vue de l'exposition "7 days", Galerie M50 - Shanghai, 2014

 » Les recherches de Lingjie Wang et Jingfang Hao sont le fruit d’une « exaltante alliance des contraires »1.
Leurs œuvres puisent aux racines de la culture chinoise et sont nourries de références à l’histoire de l’art occidentale ; elles sont conceptuelles et sensuelles, objet et processus ; elles ont la beauté énigmatique de la nature et la complexité scientifique de la culture… Cette bipolarité, que l’on retrouve dans le taoïsme mystique originel sous la forme du Yin et du Yang, est davantage une façon d’être au monde qu’un système. Chacune de leurs œuvres repose sur un principe dialogique entre une conception cartésienne et mathématique – héritée de leur formation d’ingénieurs et d’un intérêt pour l’art conceptuel occidental – et une vision sensuelle et poétique du monde – liée à leur culture chinoise et à leur connaissance de la matière qui compose les objets qui nous entourent.
L’un et l’autre ressentent une forte attirance pour la démarche à la fois intuitive et logique de l’art conceptuel. La sérialité et l’apparente objectivité scientifique des Sun drawings, dessins réalisés à partir de la concentration des rayons du soleil sur une feuille de papier thermique, n’est pas sans convoquer les Wall drawings de Sol LeWitt. Comme ces derniers, les Sun drawings mettent en tension une idée simple (réaliser des dessins avec l’énergie solaire), un contexte (géographique, atmosphérique) et un agent de réalisation extérieur (la chaleur). Le projet leur échappe, d’une certaine manière, il prend l’apparence d’une expérience dont l’objectif n’est pas d’augmenter la connaissance scientifique que l’homme a du monde, mais plutôt de stimuler sa connaissance intuitive et poétique. Comme pour les Wall drawings de Sol LeWitt, c’est finalement la tension créatrice entre le concept et les aléas du médium dans lequel il s’incarne qui donne naissance à l’œuvre.
De ce fait, le travail de Wang et Hao modifie ce que l’on pourrait appeler le lieu de l’art. Car l’œuvre d’art est moins dans le résultat final de l’expérience, qui donne naissance à une série d’objets réels, que dans le processus qui a conduit à leur apparition. Dans Falling (Leaves), le titre de l’œuvre nous invite déjà à cette réflexion. L’expression « falling leaves » (chute des feuilles) désigne une action qui s’installe dans la durée. Le participe présent « Falling » nous indique une progression, un changement d’état et connote l’instabilité. L’œuvre elle-même (un convoyeur qui transporte des feuilles d’érables du sol au plafond pour les faire tournoyer) est en mouvement, son aspect dépend des hasard des courants d’airs, de la poussière, de la lumière… Si œuvre il y a, c’est dans l’impermanence des choses qu’elle se situe. Falling (leaves) ne prend son sens qu’à travers non pas trois, mais quatre dimensions dont la plus importante est le temps. « Absente de tout bouquet », elle réalise la transposition mallarméenne « d’un fait de nature en sa presque disparition vibratoire »2.
C’est bien là un troisième trait essentiel du travail de Wang et Hao. Dans le taoïsme mystique et dans la peinture chinoise, l’alternance entre le plein et le vide est porteuse de sens et de beauté. Sans ce néant plein de potentialités, ce qui existe n’a ni saveur, ni couleur, ni forme. Dans Rainbow, c’est une fois de plus la lumière du soleil qui active un support enduit d’une matière qui fascine les deux artistes : la poudre de verre. Touchée par les rayons solaires, la surface irisée produit un arc-en-ciel et ravive nos étonnements enfantins. Cette apparition énigmatique est laissée à l’appréciation du spectateur, libre de porter un discours scientifique explicatif sur l’œuvre ou d’en conserver le mystère et la beauté. La préférence des deux artistes ira certainement au spectateur qui, comme les sages taoïstes, préférera la force d’une métaphore à deux-cents lignes argumentées.  » Hélène DOUB

1  René CHAR, « Partage formel » in Seuls demeurent, 1938-1944.
2  Stéphane MALLARMÉ, Crise de Vers, 1886-1895.

« Je suis arrivée à Mulhouse avec un projet d’édition, un travail d’écriture bilan de mes 10 ans de perf.  Je ne voulais pas repartir sur une nouvelle expérience. Je suis vraiment partie en me répétant :  Ma petite marge je te connais. Non, Non, Non, tu ne feras pas un travail contextuel, tu ne me nourriras pas de la richesse d’un lieu, tu ne me plongeras pas dans une réalité afin de découvrir son équilibre complexe. Non, non, non, tu ne m’éparpilleras pas une nouvelle fois dans l’étendue des connexions possibles pour peu qu’on sache être disponible au présent qui passe.
Et puis, je suis arrivée à l’atelier DMC. J’ai commencé à chanter et danser dans cette cathédrale industrielle. Un film sur Mulhouse comme archétype de la ville industrielle est né.
Dans cette résidence finalisée par une semaine de tournage intense, c’est à l’image que j’ai rassemblé mon vocabulaire et ma grammaire de performeuse.
L’historienne Marie-Claire Vitoux a été mon conseil scientifique, la Mulhousienne de cœur, Emilie George un guide, le réalisateur Christophe Monterlos un complice. Il me faut vraiment remercier l’équipe de la Kunsthalle qui m’a soutenue dans les démarches de ce projet. Une aide individuelle à la création de la DRAC Franche-Comté a fait le reste. »
Marguerie Bobey

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La feuille de papier enregistre l’atmosphère dégagée par le lieu dans lequel elle est installée – à la manière d’un attrape-rêves absorbant les mauvais rêves. Agissant comme un filtre, le support se charge d’empreintes de ce qui se passe autour de lui, et se laisse abîmer.

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Photo : Newspaper, photographie, 2013

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Dans le cadre du programme annuel de résidences interrégionales destiné à la promotion et  l’accompagnement des artistes vivant ou travaillant sur le territoire Nord Est de la France. (FRAC Nord,  Champagne-Ardenne, Lorraine, Franche-Comté et La Kunsthalle)

Maxime Vernier construit des installations, des sculptures-objets, des volumes acousphaniques (grec. akouein :  entendre, pharein : apparaître). Il expérimente le son là ou celui-ci est un détail lié à la matérialité, une  indication temporelle ou rythmique qui, inclusivement est tournée vers l’idée d’un chaos vivant tentant de fuir  tout déterminisme.

Dans le cadre de la Tranche de Quai, Maxime Vernier présente une pièce de recherche pour l’installation  « Sourdine » réalisée avec une caisse-claire équipée de trois triggers et de deux éléments de diffusion connectés  à un logiciel informatique de traitement sonore.

La résidence est co-produite par la Kunsthalle et l’Association Mulhouse Art Contemporain.

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Photo : Vincent Odon, Zut, 2010.

Benjamin Dufour fait partie des 4 artistes sélectionnés sur le principe de « résidences croisées » par le réseau  Frac Nord Est, regroupant le Nord, la Champagne-Ardenne, Franche-Comté, Lorraine et la Kunsthalle  Mulhouse.
Les artistes, Harold Guérin, Elsa Maillot, Claire Morel seront accueillis respectivement par les Frac, Franche – Comté, Champagne-Ardenne et Lorraine.
Depuis 2004, ces résidences sont réservées à des artistes originaires ou vivants dans cette grande région. Elles  offrent une multitude de possibilités de rencontres de professionnels et s’avèrent de véritables accélérateurs  de reconnaissance sur un plan local, national, voire international.

En deux mois, l’artiste a rencontré la ville, ses habitants et développé quelques projets.  Benjamin Dufour conduit des expériences. Il est comme un chercheur, pas fou du tout, plutôt très organisé  mais qui aime laisser une part à l’inattendu au fil de ses recherches.  Il écrit ses projets, les accumule et les développe, les expérimente au fil des occasions et des circonstances.

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Photo: Benjamin Dufour, « Des serpents dans l’avion », 2010. Performance. © Sébastien Bozon