Marianne Marić, Terre, 2009-2020
Vidéo, couleur, son, 52″


Capture d’écran

Le visage est ici un paysage qui s’anime au gré d’une physionomie et d’un souffle extérieur. A la manière d’une terre balayée, il livre des instants fugaces et insaisissables en proie au vent qui chahute. Le noir des pupilles, au plus profond du regard, semble refléter une éclipse du soleil. Le monde sous les traits et la douceur du visage apparaît d’une grande beauté menacée par un tir, un seul, capable de tout anéantir.


Marianne Marić, Pierre, 2017
Photographie, couleur

D’un alliage fragile le sculpteur a tiré sa statue, un homme qui sue et qui symbolise le travailleur. Nu, il n’a pour habits que le dessin qui s’est inscrit sur la surface du matériau : un réseau de lignes semblables à des veines. Le temps et l’usure l’ont vêtu de la vie. Dans ses images, Marianne Marić sublime l’homme et offre une peau à la sculpture. Elle en fait un paysage infini à explorer.


Marianne Marić, Chair, 2016-2020
Vidéo, couleur, son, 52″


Capture d’écran

De la farine et de l’eau naît la pâte. De la pâte et de la peau Marianne Marić joue la ressemblance. Les mains et les pieds s’emparent avec sensualité de la préparation, la malaxent et lui donnent vie comme un sculpteur extrait de la terre une forme façonnée. Il y a lutte, violence et résistance jusqu’au coup final qui scelle la fin d’un combat. La pâte s’apprête à devenir pain.

 

Marianne Marić est née en 1982, diplômée de l’Ecole Nationale Supérieure d’Art et Design de Nancy, elle vit et travaille à Paris et Mulhouse.
À l’âge de dix ans, Marianne Marić s’enfuit en pleine nuit par la fenêtre de sa chambre après avoir vu « L’Enfant sauvage » de François Truffaut à la télévision. Le lendemain, elle est découverte par un garde forestier qui la raccompagne chez ses parents. Après cet épisode marquant, Marianne se jure de tout faire pour devenir artiste, afin de réaliser ses fantasmes sans que personne ne puisse la ramener à la raison. Ainsi, depuis 2007, elle développe un travail transdisciplinaire, dans lequel elle déconstruit les frontières entre les médiums en utilisant le corps comme une arme sculpturale. Dans ses créations, l’art, la mode, le design, la photographie, la musique et la vidéo fusionnent à travers l’utilisation des corps de femmes comme « une extraordinaire et fascinante architecture ». Elle déconstruit des stéréotypes pour mieux les réemployer, s’amuse à jouer avec les symboles pour mieux les détourner. En 2018, elle a eu une exposition personnelle en Suède (par Christian Caujolle), puis elle a représenté la France à la Biennale d’Athènes (Poka-Yio) et enfin elle fut invitée d’honneur en novembre 2019 au plus grand festival de Photographie d’Amérique Latine : le FIFV au Chili.

Joël Riff à propos de son travail :
De la faille minérale d’un monument aux Morts, à la fente précieuse d’un sexe féminin, Marianne Maric positionne son objectif dans une même familiarité, qui fait de toutes ses images des témoignages. Désirer une photographie de Marianne Maric, c’est la posséder en petit, et la projeter en grand. Sensuels inédits.
Marianne Maric impose une con ance manifeste. Face à elle, les sujets ne s’offrent comme à personne d’autres. Cette alchimie unique, c’est chaque cliché qui la contient.

Pierre Bal-Blanc :
Signalons aussi ce contraste tangible tout au long de sa production, entre l’urgence d’un contexte, et la tendresse que l’artiste y cristallise. Dans une forêt vierge, dans les ruines d’un parc ou les quais sales du métro parisiens, des corps se donnent passionnément.
Une architecture vernaculaire et corporelle

Le Petit Programme réunit 12 artistes familiers et partenaires fidèles de la programmation du centre d’art. Ce projet inédit et inhabituel leur consacre tour à tour une semaine de carte blanche pendant laquelle ils proposent chacun trois œuvres.
Le Petit Programme est également présenté dans l’espace d’exposition de La Kunsthalle Mulhouse, tel un projet en construction alimenté au fur et à mesure des semaines.