Tchernobyl on tour d’Elena Costelian et … et s’en aller de Chourouk Hriech sont deux expositions individuelles qui s’interrogent mutuellement, bien au-delà de leur coprésence. Ce sont des expositions qui rencontrent l’histoire, la petite et la grande, qui la lient à la création contemporaine et en font leur raison, leur complice.
Les deux artistes ont quelques points communs : deux femmes passionnées, volontaires et déterminées, d’une même génération de racines étrangères. Les deux expositions partagent également quelques thèmes : l’histoire, la mise en scène, la sincérité.
Mais c’est avant tout d’une intuition qu’est né le désir de les rapprocher.
Elena Costelian travaille sur l’histoire récente, celle dont on ne sait pas encore totalement quoi penser et qui est empreinte d’enjeux qui dépassent l’échelle individuelle. Ses installations construites sur un mode réaliste, affichent une forte théâtralité et créent le choc. On ne traverse pas innocemment une œuvre de l’artiste, elle déstabilise, perturbe nos repères, provoque la gêne et le malaise, celui d’être spectateur d’un monde qui ne tourne pas rond.
Chourouk Hriech voyage sur un territoire qui se déploie de l’œil à la main. La distance entre les deux, l’artiste la parcourt en suivant une ligne complexe qui s’enrichit à la fois de ses observations, de ses souvenirs et de ses émotions. Ses dessins, comme des rhizomes, se déploient sur les murs et emmènent le spectateur dans un monde composé de mille et une réalités, toutes propres à la balade et à l’évasion.
Les deux expressions d’Elena Costelian et de Chourouk Hriech, si éloignées soient-elles, fonctionnent ensemble comme des révélateurs qui nous ramènent à la complexité de la nature humaine et de ses humeurs. Du chaos à l’échappée, Tchernobyl on tour et … et s’en aller, sont deux lectures du monde sincères et attentives.
Entre installation, performance théâtralisée et scénographie, Elena Costelian s’attache aux lieux chargés d’histoire comme support de réflexion à son travail. L’idée de retour sur ces lieux n’est pas sans lien avec l’expérience de l’exil. Particulièrement sensible au rapport entre mémoire collective et individuelle, elle se penche non seulement sur des lieux disparus ou mis en parenthèse mais aussi sur des lieux en devenir.
En 2009, elle monte Transit, sa première œuvre d’envergure présentée au festival Première au Théâtre Le Maillon de Strasbourg. La pièce mêle installation, performance et théâtre (diffusion sur ARTE en octobre 2009). En 2012, autour d’un projet photographique et sonore, Elena Costelian a initié avec Julie Meyer, Sail the world project, une traversée de l’Atlantique à la voile. (Projet soutenu par le Conseil général du Finistère et le Centre Atlantique de la Photographie).
La suite de Tchernobyl on tour sera présentée en 2013 au Center for Book Arts à New York.
Chourouk Hriech est née en 1977, elle vit et travaille à Marseille.
Elle développe son travail essentiellement autour du dessin. Ses recherches se fondent sur une observation des paysages en mutation, une navigation à travers les mondes qui s’offrent à elle.
Diplômée des Beaux-Arts de Lyon, elle a récemment participé à Art Dubaï en 2012 ; au CRAC de Sète et à la 8ème Biennale de Shanghai en 2010.
Dans le cadre du Projet T3, en 2012, sur une proposition de Nathalie Viot et de Christian Bernard, ses dessins ont rejoint, le Fonds Municipal d’Art contemporain de la Ville de Paris.
Une proposition de Sandrine Wymann.