© Arin Ismail

Dans le cadre de sa résidence, l’artiste Arin Ismail présente à Motoco une exposition d’œuvres crées à Mulhouse.

Les œuvres, mêlant sculptures et vidéos, présentent des corrélations entre la domination linguistique au travers de la conquête impériale et la lutte féministe du mouvement des femmes kurdes. En prenant appui sur les travaux du philosophe et poète anticolonialiste Edouard Glissant et de l’activiste et autrice Dilar Dirik, l’exposition met en lumière les intrications entre les langues/modes d’expression, le colonialisme, les occupations des territoires et de l’esprit.

À la foie
Il suffit parfois de changer une lettre dans un mot pour en modifier le sens et perturber notre compréhension. « A la fois » est une locution utilisée pour réunir des faits ou des qualificatifs parfois opposés. En remplaçant le « s » par un « e », le mot renvoie à l’organe et fait écho à l’anatomie, au corps, cette forme sous laquelle on entre en relation avec les autres. Les deux sens se retrouvent reliés en signifiant un enchevêtrement du langage, du temps et de la raison.
Les œuvres présentées traitent à la fois de l’expansion de la langue dans un contexte de conquête impériale, coloniale, et de la lutte féministe du Mouvement des femmes kurdes. Elles tentent de réunir ces deux mouvements en mettant en valeur les liens qui les unissent et les confrontent. Les œuvres d’Arin Ismail sont nourries par deux lectures majeures, Poétique de la relation du philosophe et poète Edouard Glissant ainsi que Le mouvement des femmes kurdes de Dilar Dirik. Les deux ouvrages explorent et mettent en lumière les différentes relations entre les langues, les modes d’expression, le colonialisme et l’occupation des territoires comme celle des esprits.
Dans son ouvrage, à travers l’étude de la littérature et de la langue, Edouard Glissant décrit le processus complexe de mise en relation des individus et des cultures. En mettant en valeur certains usages de la langue comme un outil de pouvoir et de colonisation, l’auteur cherche néanmoins à démontrer l’existence et la possibilité du développement de nouveaux liens dans un chaos-monde où chaque particularité et chaque diversité coexistent et sont capables d’entrer en relation les unes avec les autres. De son côté, Dilar Dirik s’intéresse au mouvement des femmes kurdes dans la perspective d’un féminisme décolonial. A partir de son analyse, l’autrice révèle la manière dont les structures de pouvoir hégémoniques se manifestent à l’échelle mondiale. Elle démontre pourquoi il est nécessaire de développer une compréhension plus large et différenciée des systèmes d’oppression.

Exposition à Motoco, rue des Brodeuses, Mulhouse.
Vernissage : vendredi 15 décembre à 17h, en présence de l’artiste
Ouverture de l’exposition : vendredi 15 de 17h à 22h / samedi 16 de 14h à 20h / dimanche 17 de 11h à 19h.
Entrée libre et gratuite.

Dans le cadre du programme de résidences croisées ALLER & ZURÜCK, La Kunsthalle et Motoco accueillent l’artiste Arin Ismail à Mulhouse pour une période de quatre mois.
En partenariat avec les Instituts Goethe de Nancy et de Strasbourg et le Bureau des arts plastiques de l’Institut français d’Allemagne (Berlin), le programme de résidences AZ –  ALLER & ZURÜCK est soutenu par l’OFAJ – Office franco-allemand pour la Jeunesse, la DRAC Grand Est et le Centre français de Berlin.