Il est d’usage de considérer la traduction comme un exercice impossible, une entreprise fatalement vouée à l’échec. C’est le fameux adage italien « traduttore, traditore » : chaque traduction serait une trahison et le passage d’une langue vers une autre buterait sans cesse sur l’écueil d’une pensée intrinsèquement liée à sa gangue originelle de mots.
Mais si cet écart entre deux langues devenait un exercice de liberté ? C’est ce que nous révèle l’aventure de Louis Wolfson. Cet écrivain américain a été découvert dans les années 1960 par Raymond Queneau. Rescapé des asiles psychiatriques dans lesquels sa mère l’avait enfermé à l’adolescence, il a choisi, par haine de sa langue maternelle, d’écrire en français deux textes désormais cultes qui font le portrait de sa vie : Le Schizo et les langues (publié aux éditions Gallimard) et Ma mere, musicienne, est morte de maladie maligne à minuit, mardi à mercredi, au milieu du mois de mai mille 977 au mouroir Memorial a Manhattan (publié aux éditions Le Tripode). Ces livres ont été admirés et défendus par des auteurs aussi différents que Paul Auster, J.M.G. Le Clézio, Gilles Deleuze ou encore Michel Foucault. Et de fait : lire ces deux récits et aller à la rencontre de Louis Wolfson revient à faire l’expérience – profondément littéraire dans son ambition – d’une vie extraordinaire.
Des lectures d’extraits, projection de documents et d’un extrait de film accompagneront la conférence.
Frédéric Martin dirige Le Tripode, maison d’édition vouée aux littératures, aux arts et aux ovnis. Outre Louis Wolfson, on retrouve dans son catalogue des auteurs aussi différents que Goliarda Sapienza, Jacques Abeille, Andrus Kivirähk, Juan José Saer, Robert Alexis, Jacques Roubaud, Edward Gorey, Roland Topor, Fabienne Yvert.
Entrée libre.