Céline Fumaroli, "Cap vers", dessin au feutre fin, détail, 2015.
Photographie réalisée par Emmanuel Claude. © Modulab

Dans le cadre du programme annuel de résidences interrégionales AIR destiné à la promotion et à l’accompagnement des artistes vivant ou travaillant sur le territoire du Nord Est, Céline Fumaroli est en résidence à La Kunsthalle en 2016-2017.

Ces trois mois à Mulhouse seront consacrés à ses travaux de recherche sur les phénomènes qui façonnent les paysages et forment des reliefs. La lenteur des processus naturels qu’elle aborde nous conduit à nous interroger sur notre temporalité. Dans son travail, le minuscule s’ouvre au lointain donnant lieu à des explorations mentales qui traversent les échelles du temps. Au cours de ses réalisations, elle se laisse, pas à pas, glisser vers un temps géologique lui permettant de mener une réflexion sur les espaces à venir et ceux qui ne sont plus visibles. Cette résidence sera l’occasion pour elle de se questionner plus particulièrement sur le passé géologique de la plaine du Rhin supérieur et ainsi de s’inscrire plus profondément au cœur du paysage alsacien.

Face à l’apparente immobilité des paysages, il y a ce sentiment d’un renouvellement constant où chaque lieu se re-dessine, se forme et se déforme. D’autres, rongés par l’érosion, s’usent jusqu’à leur dernier souffle. 
Ce travail est celui d’un regard qui s’infiltre dans la roche, dans la matière minérale. C’est le désir de s’imprégner de son histoire. Chaque pli et replis, chaque faille, dévoile la géomorphologie de ces paysages brisés par de sourdes puissances. Soudain, tout s’éveille. De particule en sédiment, de sédiment en strate, un invisible courant m’emporte. Celui d’un temps géologique au sein duquel je cherche à m’inscrire. 
La feuille de papier devient une plaque tectonique. Chaque trait, chaque fragment de dessin, décrit un parcours, une exploration mentale. Je me laisse porter par le paysage qui est en train de se créer, cherchant à accompagner son mouvement, à entrer au cœur de ces mi-lieux. Ceux qui sont de l’ordre de la fissure, de la fracture, de la brèche. Ils sont à mi-chemin entre le minuscule et le lointain, ils émergent et s’immergent, se créent par effacement. C’est un aller-retour permanent entre des espaces tombés dans l’oubli et ceux à venir.   Céline Fumaroli