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Partout les dysfonctionnements frappent les grandes infrastructures de services collectifs : il y a les dégradations matérielles telles que l’usure et le vieillissement des structures, la baisse d’investissements de l’Etat, mais aussi la crise énergétique et climatique. En dépit de ces altérations, persiste l’idéal social d’un édifice de service public alliant économie d’échelle, performance technique et service de qualité pour le plus grand nombre.
A l’heure des effondrements environnementaux, comment penser notre rapport à la technique et aux infrastructures de production et de diffusion des biens communs : eau et assainissement, électricité, gaz ? Comment sortir la technique de sa seule relation à une histoire de la modernité et du progrès ? Comment déconstruire – et agir collectivement – pour une organisation des services essentiels qui impactent nos environnements et notre rapport au monde ?
Dans la première partie, l’exposition questionne les formes et les enjeux des infrastructures et leur potentiel d’inspiration. A la manière des pensées, une sélection d’images d’archives nous précipite dans un moment de l’épopée technique où tout type d’infrastructure est potentiellement envisageable. Depuis la fin du XIXe siècle, dans une configuration technique, économique et symbolique complexe, des projets valorisant les énergies renouvelables et des perspectives décentralisatrices et écologiques viennent défier le modèle industriel des grands réseaux qui a constitué le mode de production dominant de nombreux services.
L’exposition se poursuit dans une seconde partie présentant les mouvements de résistance qui se développent dès les années 1970. Face aux impositions de l’ordre électrique, une autre histoire s’écrit. L’opposition s’organise, des collectifs se fédèrent. Des luttes d’occupation plus spontanées et radicales voient le jour. La mobilisation de Marckolsheim en 1974 afin d’empêcher l’implantation d’une usine chimique ou les prises de position de figures comme Françoise d’Eaubonne ou Solange Fernex témoignent de la richesse des mobilisations du bassin rhénan.
Dans une dernière partie, l’exposition aborde le sujet des transitions qui semble essentiellement reposer sur des choix de type d’énergie tandis que le réseau et ses infrastructures de transport et de distribution n’est presque jamais questionné. Des alternatives existent et ont toujours existé. Il y a une histoire de la pensée décentralisatrice et l’Est de la France en est singulièrement représentatif. Face au centralisme, les tentatives municipales de distribution communale entreprises à Schnönau, Ungersheim, Guebwiller, Ehnwihr, Muttersholtz ou Metz offrent des pistes pour les transitions énergétiques à venir. Redonner une place à ces récits dans l’histoire des techniques participe à les rendre plus légitimes et désirables, mais aussi à ouvrir des imaginaires pour de nouveaux lendemains.

Avec la participation de Carla Adra, Jessica Arseneau, Marjolijn Dijkman, Hilary Galbreaith, Maya Mihindou, Jürgen Nefzger, Claude Parent, Liv Schulman, Suzanne Treister, Tomi Ungerer.
Commissariat : Géraldine Gourbe, Fanny Lopez et Sandrine Wymann

Vernissage le jeudi 15 février de 18h à 20h.

Le projet de recherche Power Up, imaginaires techniques et utopies sociales de Géraldine Gourbe et Fanny Lopez se développe également au Grand Café à Saint-Nazaire du 9 février au 12 mai 2024.

L’exposition à Mulhouse bénéficie du soutien de la Région Grand Est (Soutien aux résidences mission de territoire Arts visuels), de l’Ambassade du Royaume des Pays-Bas et de Mondriaan Fonds.


The exhibition Power up, technical imaginaries and social utopias refers to energy infrastructures through a feminist perspective. This collaborative project explores links between technical worlds, common goods and connected representations.
Highlighting how the electricity modulate our environment and social utopias about it, the exhibition presents resistance movements in the local territory to raise the social utopias history in Europe. Opening a field of possibilities concerning the energy transition, Power up, technical imaginaries and social utopias concentrates on a feminist future perspective and a reflexion at a local level.

Opening on Thursday, February 15th from 6 to 8pm

With: Carla Adra, Jeanne-Marie et Georges Alexandroff, Jessica Arseneau, Marjolijn Dijkman, Hilary Galbreaith, Maya Mihindou, Jürgen Nefzger, Claude Parent, Christian de Portzamparc, Liv Schulman, Suzanne Treister, Tomi Ungerer.
Curators: Géraldine Gourbe, Fanny Lopez and Sandrine Wymann

Géraldine Gourbe and Fanny Lopez’s research project Power Up, technical imaginaries and social utopias is also on at Le Grand Café in Saint-Nazaire from February 9 to May 12, 2024.

L’identité graphique a été confiée au studio de graphisme Aletheia.

Découvrez l’exposition Power Up, imaginaires techniques et utopies sociales à l’occasion d’un échange avec un·e médiateur·rice du centre d’art.

Entrée libre et gratuite.

Younes Rahmoun, Zahra (Fleur), 26/78, dessin digital, 2008

Entrer dans l’œuvre de Younes Rahmoun c’est accepter de regarder en soi et de penser ce que nous sommes. Son engagement se situe dans la pensée, son travail s’inscrit dans une quête de formes humbles et transcendantes.
Ses concepts viennent habiter l’espace d’exposition du centre d’art contemporain pour nous questionner sur la notion de déplacement et interpeller nos facultés d’adaptation. Par le langage métaphorique de l’artiste, l’exposition nous interroge : comment une graine peut prendre racine dans un sol qui n’est pas sa terre d’origine ?
Ses œuvres sont faites de figures, de métaphores, de signes. Il créé à partir de gestes, d’objets de préférences modestes, ceux qu’il trouve à portée de main, dans ses espaces de vie et de culture, les gestes qu’il observe ou pratique depuis toujours, les objets qu’il trouve près de chez lui, dans la médina de Tétouan ou dans les montagnes du Riff. Prélevés et extraits du quotidien, ils deviennent son alphabet à partir du moment où il les isole, les transcende et les investi de sa conception du monde.

Le vernissage aura lieu de 18h à 20h, en présence de Younes Rahmoun.

Younes Rahmoun, Zahra (Fleur), 26/78, dessin digital, 2008

[English bellow]

Figure majeure de l’art contemporain au Maroc, Younes Rahmoun présente à La Kunsthalle Mulhouse un ensemble d’œuvres qu’il articule autour de l’idée de migration.

Entrer dans l’œuvre de Younes Rahmoun c’est accepter de regarder en soi et de penser ce que nous sommes. Son engagement se situe dans la pensée, son travail s’inscrit dans une quête de formes humbles et transcendantes. Ses concepts viennent habiter l’espace d’exposition du centre d’art contemporain pour nous questionner sur la notion de déplacement et interpeller nos facultés d’adaptation. Par le langage métaphorique de l’artiste, l’exposition nous interroge : comment une graine peut prendre racine dans un sol qui n’est pas sa terre d’origine ?
Ses œuvres sont faites de figures, de métaphores, de signes. Il créé à partir de gestes, d’objets de préférences modestes, ceux qu’il trouve à portée de main, dans ses espaces de vie et de culture, les gestes qu’il observe ou pratique depuis toujours, les objets qu’il trouve près de chez lui, dans la médina de Tétouan ou dans les montagnes du Riff. Prélevés et extraits du quotidien, ils deviennent son alphabet à partir du moment où il les isole, les transcende et les investi de sa conception du monde.

Darra – L’atome
L’atome est la plus petite partie d’un corps qui ne se décèle pas à l’œil nu mais que l’on considère dans l’organisation de la matière. Représenté par un cercle, il incarne une forme de perfection et d’absolu. Il s’installe à l’extrémité inférieure des valeurs et représente une limite en-deçà de laquelle on pressent une infinité insaisissable.

Zahra – La fleur
Au stade de la fleur, la graine a quitté l’obscurité et l’isolement, en sortant de terre, elle a franchi la ligne de visibilité. Confrontée au monde, elle cherche sa place parmi les autres et apprend à composer dans un jeu aux règles plurielles. Elle reçoit, donne, partage, compose avec la diversité et la multiplicité. La fleur est séduisante, unique mais elle est aussi fragile parce qu’elle ne vit qu’un temps avant de céder sa place au fruit qu’elle devance.

Jabal – La montagne
La montagne représente la force et l’immuable. Elle est à la fois le terreau et l’épicentre d’une vie. Repère visuel et symbolique, elle apporte de la stabilité et renvoie aux origines d’un peuple ou d’un individu. Elle accueille aussi bien les hommes que la végétation, elle les abrite et les fertilise.


Zahra (fleur), film d’animation, 2008

Younes Rahmoun est un artiste marocain, né en 1975 à Tétouan où il vit et travaille toujours actuellement. Il est l’un des artistes nord-africains de sa génération les plus exposés. Formé à l’école d’art de Tétouan par Faouzi Laatiris, Younes Rahmoun fait partie des premiers artistes à recevoir un enseignement formel en art contemporain au Maroc.
Younes Rahmoun s’exprime à travers de multiples supports : installation, sculpture, dessin, vidéo, photographie… Son travail épuré est empreint de spiritualité et invite à la contemplation. Il fait dialoguer des formes symboliques universelles agencées en série, que l’on retrouve, entre autres, dans l’art islamique, avec des technologies contemporaines. Partir de soi, de sa culture, d’un quotidien pour interroger l’universel et créer ainsi un dialogue en constante évolution
semble être la racine de cette œuvre florissante. Parmi ses expositions récentes, on peut citer Little Worlds, Complex Structures, VCUarts – Virginia Commonwealth University School of the Arts in Qatar (2018), De la mer à l’océan, L’appartement 22, Rabat (2016).
Son travail a été montré récemment au Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía (Madrid), au Palais de Tokyo (Paris), au Tripostal (Lille), au Victoria & Albert Museum (Londres), à L’heure rouge, Biennale de Dakar (2018) et à Viva Arte Viva, la 57e Biennale de Venise (2017). Il est représenté par la Galerie Imane Farès à Paris.

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Deux expositions partenaires seront consacrées au travail de Younes Rahmoun en parallèle de celle de La Kunsthalle Mulhouse : au Smith College Museum of Art, Northampton, US, Younes Rahmoun : Here, Now Upcoming et à Kulte, Center for Contemporary Art & Editions, à Rabat, Maroc


[Eng]
Younes Rahmoun, a major figure in the Moroccan contemporary art scene, will be presenting a selection of works centering around the concept of migration at La Kunsthalle Mulhouse.

Experiencing Younes Rahmoun’s work means accepting to look within ourselves and think about what we are. His commitment lies in thought, his work is part of a quest for humble and transcendent forms. His concepts will inhabit the contemporary art center’s exhibition space to question us about the idea of migration and challenge our capacity for adaptation. Throughout the exhibition, the artist’s metaphorical language asks us how a seed can take root in soil far from its native land.
Rahmoun’s pieces are built out of figures, metaphors, and signs. He creates from gestures, with a preference for modest objects that he finds close by in his living space and within his culture, gestures that he has always observed or employed, objects found near his home in the Medina of Tetouan or the Rif Mountains. Sampled and collected from daily life, they become his alphabet from the moment he isolates them, transcends them, and invests them with his conception of the world.

Darra – The Atom
Invisible to the naked eye, the atom is the smallest part of a body considered in the organization of matter. Represented by a circle, it embodies an absolute and perfect form. It exists on the lowest end of the spectrum of values and represents a limit beyond which we sense an unattainable infinity.

Zahra – The Flower
In the flowering stage, the seed breaks through the earth, leaving darkness and isolation behind to enter the realm of the visible. Faced with the world, it seeks out its place among the others and learns to compose in a game with many rules. It receives, gives, shares, and composes with diversity and multiplicity. The flower is seductive and unique but also fragile since it lives only a short while before giving way to the fruit it precedes.

Jabal – The Mountain
The mountain represents strength and immutability. It is both the breeding ground and the epicenter of life. As a visual and symbolic landmark, it provides stability and refers back to the origins of a people or an individual. It hosts both human and plant life, sheltering and nourishing them.

Younes Rahmoun is a Moroccan artist born in Tetouan in 1975, where he still lives today. He is one of the most prominent North African artists of his generation. Educated by Faouzi Laatiris at the Tetouan fine arts school, Rahmoun is among the first artists to receive education in contemporary art in Morocco.
Younes Rahmoun expresses himself through various media: installations, sculpture, drawing, video, and photography. His streamlined pieces are laden with spirituality and invite contemplation. He uses contemporary technology to create dialogues between universally symbolic serial shapes, which can also be found in Islamic artforms, among others.
The root of the artist’s blossoming production grows out of himself, his culture, and daily life to raise questions about what is universal in the creation of a constantly evolving dialogue.
His most recent exhibitions include Little Worlds, Complex Structures, VCUarts – Virginia Commonwealth University School of the Arts in Qatar (2018), and De la mer à l’océan (From Sea to Ocean), L’appartement 22, Rabat (2016). His work has also recently been shown at the Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía (Madrid), the Palais de Tokyo (Paris), the Tripostal (Lille), the Victoria & Albert Museum (London), “L’heure Rouge”, Biennale de Dakar (2018), and Viva Arte Viva, the 57th Venice Biennale. He is represented by the Galerie Iman Farès in Paris.

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Alongside La Kunsthalle exhibition, an exhibition entitled “Younes Rahmoun: Here, Now, Upcoming” will take place at the Smith College Museum of Art in Northampton (USA), as well
as an exhibition at the Kulte, Center for Contemporary Art & Editions in Rabat, Morocco.