Stine Marie Jacobsen, Direct Approach, 2012-
Série de vidéos courtes HD, durées variables


Capture d’écran

Victime, auteur ou témoin ? Il n’est pas facile de reconnaître la notion de violence, ni d’en tracer les contours. Il n’y a en fait aucune façon directe de l’aborder. La violence est souvent taboue ou fait partie de l’inconscient collectif. L’expérience ou le jugement des différentes formes et mécanismes de violence est, en d’autres termes, un sujet sensible à cerner. « Direct Approach » est un projet artistique participatif qui a pour résultat une série de films – il vise à cartographier la relation des civils à la violence travers les références de chacun, leurs identifications et la reconstitution de scènes choisies par eux-mêmes dans des films d’horreur violents. Présenté comme une fiction, le sujet est plus facile à aborder.
Les participants au projet ont été invités à décrire de mémoire la scène de film la plus violente qu’ils aient jamais vue puis à choisir ensuite l’un des personnages de la séquence : victime, auteur ou témoin. Après avoir mené une réflexion sur la violence au cinéma et à la manière dont elle reflète la société actuelle et leurs expériences personnelles, chaque participant rejoue – sans parole – le rôle qu’il a retenu, dans les scènes choisies.
Ces trois vidéos montrent Karl Schlarb, Gita Ratzinger et Udo Loeb, interviewés et filmés à Berlin, en 2012-13.


Stine Marie Jacobsen et Yulia Hontaruk, Direct Approach, Ukraine, 2019
Vidéo HD, 31’18


Capture d’écran

Aux premières lignes de la violence dans l’est ukrainien, « Direct Approach, Ukraine » est le dernier volet de la série de films de l’artiste.
Depuis 2012, le projet « Direct Approach » est basé sur des conversations autour de la violence dans le cinéma et dans la réalité.
En Ukraine, pays qui a accueilli deux révolutions depuis son indépendance de l’Union soviétique en 1991 et qui est actuellement le théâtre d’un conflit armé, le projet prend un nouveau sens. Chacune des trois personnes interrogées dans la vidéo raconte les détails de la séquence de film la plus violente qu’elle ait jamais vue. En se souvenant – et en se méprenant – de ces détails, elles inscrivent des aspects biographiques dans la scène. Être le héros n’est pas un choix ; pourtant, tous finissent par imaginer ce que ce rôle pourrait leur faire ressentir, exposant un désir inné de parvenir à le jouer au mieux. Alternant entre un cadre d’interview en studio et une reconstitution en direct, l’artiste fait de ces fantasmes une réalité. Si « Direct Approach » est un projet universel qui atteint la psyché intérieure à travers des cultures disparates, la proximité de l’Ukraine avec une zone de guerre ne peut pas passer inaperçue, car le choix du personnage (victime, auteur ou témoin) est amplifié par la vie quotidienne des participants.
Avec la participation d’Alexey Kelt, Irina Prudkova et Maria Pronina, « Direct Approach, Ukraine » est issu d’une collaboration entre l’artiste danoise Stine Marie Jacobsen, la cinéaste ukrainienne Yulia Hontaruk et l’Institut culturel danois.
Pour en savoir plus : www.direct-approach.org / stinemariejacobsen.com/direct-approach


Stine Marie Jacobsen, IMF, 2019
Vidéo HD, 8’19


Capture d’écran

Le cœur du film « IMF » (I Mørket er vi alle Forbrydere – Dans le Noir, nous sommes Tous des Prédateurs, en français) est une expérience linguistique, menée à l’origine par un psychologue du langage au Danemark qui a montré que 3 souvenirs sur 4 sont potentiellement biaisés.
Ainsi, les participants à l’expérience ont été invités à se remémorer et à raconter un article de presse qui évoquait l’agression d’un migrant par trois hommes (sans mentionner l’origine ethnique ou la nationalité). 3 personnes sur 4 ont affirmé que trois migrants avaient attaqué un Danois sans défense. L’objectif n’étant pas de pointer du doigt les personnes qui se souviennent mal de l’article, mais plutôt d’ouvrir la discussion sur les raisons pour lesquelles la majorité blâme inconsciemment les immigrants.
Le processus de réalisation du film a commencé par un atelier de cascade dans lequel un instructeur professionnel a appris aux participants à mimer les scènes assez brutales de l’article et les différentes façons de les relater. La simulation de la violence dans le jeu oblige les acteurs à prendre particulièrement soin les uns des autres pour ne pas les blesser. Ainsi, la performance transforme une scène d’agression en une chorégraphie où les personnes font preuve de beaucoup d’attention. C’est là un aspect emblématique du travail de l’artiste : traiter un sujet lourd comme la violence, dans un souci pacifiste et de manière non violente.
Le film est réalisé dans un style imitant le film danois des années 1980 de l’OBS (Oplysning til Borgerne om Samfundet / message d’intérêt public) reprenant également les scènes de reconstitution des documentaires télévisés. Ici, les scènes de violence sont moins réalistes et voire un peu maladroites.
Pour en savoir plus : https://www.4cs-conflict-conviviality.eu/post/mediation-lab-roskilde

 

Stine Marie Jacobsen, née en 1977 au Danemark, est diplômée de la Royal Danish Academy of Fine Arts et du California Institute of the Arts de Los Angeles. Elle vit et travaille à Copenhague et à Berlin.
Afin de donner aux participants un espace de collaboration et en tant qu’artiste conceptuelle, elle crée des projets artistiques socioculturels et participatifs avec des thèmes clairement définis.
Pour explorer des sujets tels que le cinéma, le langage, le genre, la violence, la mort, les tabous, l’anonymat et la psychologie, Jacobsen mène des expériences performatives et crée des plateformes participatives pour stimuler la pensée critique et générer de nouvelles perspectives sur l’éthique, l’identité, le contrôle, la peur et la confiance.
Au fil des ans, elle a conceptualisé de nombreux projets participatifs et éducatifs tels que « Direct Approach », où les participants sont invités à se souvenir et à raconter de nouveau une scène de film violente, à choisir s’ils joueront la victime, le criminel ou le spectateur ; ou dans « Mann beißt Hund » (un remake du film belge « C’est arrivé près de chez vous »), sans acteurs à l’écran, l’artiste vise à déchiffrer le film en tant que système juridique. Avec « Law Shifters », elle organise, avec des avocats, des ateliers de rédaction de lois pour des personnes du monde entier afin de les aider à rédiger leurs propres lois, à les traduire dans le langage législatif officiel et enfin à les présenter au public.

Le Petit Programme réunit 12 artistes familiers et partenaires fidèles de la programmation du centre d’art. Ce projet inédit et inhabituel leur consacre tour à tour une semaine de carte blanche pendant laquelle ils proposent chacun trois œuvres.
Le Petit Programme est également présenté dans l’espace d’exposition de La Kunsthalle Mulhouse, tel un projet en construction alimenté au fur et à mesure des semaines.